Parfums de flamme
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Exposition du peintre Yves JUHEL
Chers amis de la Galerie,
Vous êtes tous très chaleureusement invités au vernissage de notre prochaine exposition. Il aura lieu au Club House du Golf de Kerbernez le vendredi 15 mars à partir de 18 h 00. A cette occasion nous vous ferons découvrir l'oeuvre d'un peintre mort prématurément à trente ans. Destin foudroyé, ligne interrompue. Seront présents à ce vernissage famille et amis.
Nous avons choisi un ensemble d'oeuvres représentatives et notamment une série d'huiles de grand format montrant des paysages inspirés et flamboyants.
Le cadre prestigieux du Domaine de Kerbernez servira admirablement d'écrin à la peinture de ce paysagiste qui laisse une oeuvre à découvrir près de 10 ans après sa disparition.
Henry Le Bal
Yves JUHEL
(1969-2003)
18 août 2003. Yves Juhel s'éteint, à l'hôpital de Bastia. Quelques jours plus tôt, il a chuté lourdement de vélo, sur une petite route, à quelques kilomètres de Moïta, village de Haute-Corse auquel il était très attaché. Il n'a que 34 ans, et laisse un vide immense chez tous ceux qui l'ont connu. Il laisse aussi plus de 400 tableaux. Déjà une œuvre...
© Jean-Claude Rousseau
Autodidacte, libertaire, attaché à son indépendance, droit et exigeant, Yves Juhel se voue à la peinture vers la fin des années 80. En 1988, il se distingue en proposant deux tableaux d'une beauté sombre, lors d'un salon consacré à des artistes locaux, à Bondy, en Seine-Saint-Denis, où il vit. C'est sa première exposition. Entre marines, natures mortes et autres portraits de peintres amateurs, l'enfant africain mort dans les bras de son père stupéfie la sensibilité du visiteur.
Ses premiers tableaux, dont il reste très peu d'exemplaires, expriment noirceur et profondeur. L'exigence guide déjà son travail. Il détruit, brûle, racle ses toiles, repeint par-dessus ses œuvres. Les couches s'accumulent. La toile est chère. La peinture, le bois pour les châssis, aussi...
Yves Juhel est un peintre solitaire. Pendant des années, il travaille dans la maison familiale. "Je me souviens bien que ses premières compositions n'attiraient pas que des remarques laudatrices", raconte son frère, Pierre. "En fait, certaines de ces toiles, "expressionnistes", étaient à mon avis déjà réussies, mais un peu "hard" pour trouver un public".
Le milieu des années 90 marque un grand tournant, dans sa vie de peintre. En 1994, il intègre un squat artistique, à Paris. L'initiateur de ce lieu de travail collectif, le peintre et sculpteur René Strubel, va lui faire rencontrer de nombreux créateurs. "Ce squat n'avait d'autre ambition que de donner la possibilité à quelques artistes d'exercer leur art", se souvient le sculpteur Bruno Supervil, qui lui aussi est de l'aventure, et qui va se lier d'une fidèle amitié avec Yves Juhel.
Le jeune peintre ne vit pas de son œuvre. A partir de 1996, pour tenir, il exerce le métier de marchand d'art, et se spécialise dans les bronzes animaliers du XIXe siècle. Parallèlement, il parvient à exposer certaines de ses toiles lors de divers événements. Mais cette recherche de reconnaissance, de visibilité, prend du temps, de l'énergie, et peine à porter ses fruits.
Fin 1998, il rejoint les ateliers collectifs Artsenal-Sonamou, à Issy-les-Moulineaux, aux portes de Paris. Créée en 1991 par des artistes coréens, l'association Sonamou loue au ministère de la Défense un ancien arsenal, où elle a installé 46 ateliers d'artistes. Lieu et association sont autogérés. Travail, solidarité, rencontres... L'Artsenal donne à Yves Juhel la possibilité de s'exprimer pleinement, en grand format. Il y retrouve Bruno Supervil, partage beaucoup avec un autre sculpteur, Philippe Desloubières. La période est riche, pour lui. Il est toujours très exigeant. "Il était assez critique envers les autres artistes pour l'être envers lui-même", se rappelle Bruno Supervil. C'est là que naissent ses grandes séries, ses bouquets, ses paysages, ses premières thématiques animalières, nourries au contact des bronzes qu'il côtoie quotidiennement. Son spectaculaire "Grand cerf", exposé aujourd'hui à Kerbernez, voit le jour à l'Artsenal, notamment. Au fil des années, son œuvre prend corps. Sa peinture devient plus spontanée, plus instinctive. Se voulant un peintre "dans la tradition", "s'inspirant des anciens", comme il l'écrit lui-même, il travaille dans le mouvement. Il peut peindre énormément sur une courte période de quelques jours, de quelques semaines. Un rythme d'une extrême intensité, alternant avec des périodes plus calmes, du moins en apparence. Parfois en quête d'une nouvelle inspiration, de nouveaux thèmes à habiter. Parfois aussi pour des raisons plus matérielles.
Le grand cerf
Huile sur toile (200x200)
A l'automne 2000, la plupart des artistes doivent quitter l'Artsenal, voué à la démolition. La maison familiale de Bondy étant vendue, il peint un peu dans son appartement, trop petit. Lui, le peintre du mouvement, du grand format, manque d'espace. Il délaisse l'huile, s'empare de l'aquarelle, réduit les dimensions de ses tableaux, et cherche un local. Prêt à quitter la capitale, il prospecte un peu partout. "Je me rappelle qu'il s'interrogeait sur où et comment trouver un atelier sur Paris et que, devant l'écueil financier, il avait décidé de transformer une des pièces de l'appartement de Moïta en atelier", note son frère. Moïta, c'est ce village de la Castagniccia, perdu dans la montagne. Celui de sa famille maternelle. S'il consacre encore une part de son temps à son activité commerciale, Yves Juhel se réfugie aux beaux jours en Corse. Il est là-bas chez lui, et reconnu comme tel. Il donne des coups de main aux uns et aux autres, joue à la pétanque avec les anciens, se balade beaucoup. Et surtout, il peint. Des animaux, encore et toujours. Cochons, chèvres, moutons, vaches, ânes, souris... Toute cette faune qu'il côtoie y passe. Il se lance également dans le portrait, et dans l'autoportrait. Deux ou trois années d'équilibre trouvé, entre Paris et Moïta. Avant l'accident...
Yves Juhel est enterré là-bas, face à ces montagnes qu'il aimait tant, au plus près de ces gens qui l'avaient accueilli comme un des leurs. En écho à l'un de ses tableaux, sa tombe porte un bouquet, inscrit dans la pierre blanche par un de ses amis tailleur de pierre. L'atelier de Moïta est vide. Après son accident, en cet été 2003, on y a retrouvé des fonds d'aquarelle. On ne saura jamais ce qu'il avait encore à dire. On ne saura jamais ce qu'il avait encore à nous donner à voir.
Olivier Desveaux
A Quimper, les 4 et 22 février 2013
© Jean-Claude Rousseau
Né le 20 février 1969. A vécu l'essentiel de sa vie en Seine-Saint-Denis, à Bondy
1984 à 1988 : formation de menuisier en siège à l'Ecole Nationale Supérieures d'Arts Appliqués Boulle.
1988 : premiers tableaux exposés, à Bondy, à l'occasion d'un salon d'art local. Il peint alors chez lui, à Bondy.
1994-1995 : rejoint un squat artistique, rue de Crimée, à Paris (XIXe arrondissement). Il y rencontre René Strübel, le responsable du squat. Il y côtoie de nombreux autres artistes, et notamment le sculpteur Bruno Supervil, avec qui il va se lier d'une forte amitié.
1996 : se lance dans le métier de marchand d'art, spécialisé dans le bronze animalier du XIXe siècle.
Fin 1998-1999 : rejoint les ateliers collectifs Artsenal-Sonamou à Issy-les-Moulineaux (92). Créée en 1991 par des artistes coréens, l'association Sonamou loue au ministère de la Défense un ancien arsenal et y crée 46 ateliers d'artistes. Yves Juhel y côtoie encore de nombreux artistes. Il y retrouve Bruno Supervil, et rencontre un autre sculpteur qui va beaucoup compter pour lui : Philippe Desloubières. A l'automne 2000, la plupart des artistes de l'Artsenal déménagent, le lieu étant voué à la démolition.
2001 à 2003 : très attaché à la Corse, où il revient souvent se ressourcer, dans le village de Moïta, dans la Castagniccia, dont était originaire sa mère, il commence à y peindre. Partage alors son temps entre la Corse, Bondy, et les différentes places où il doit se rendre pour ses activités commerciales.
Août 2003 : accidenté, à l'âge de 34 ans, sur une petite route de Corse, il meurt quelques jours plus tard, le 18, à l'hôpital de Bastia.
D'une expo à l'autre...
Mars à juin 2013 : expo individuelle au club-house du golf de Kerbernez, Plomelin (29)
2012 : expo collective au 19e Festival international de l'art animalier en Sologne au château de Rère (Theillay, 41)
2011 (20 juin au 3 juillet) : expo collective au 18e Festival international de l'art animalier en Sologne à Pierrefitte-sur-Sauldre (41).
2010 : expo personnelle à L'Arche de Noé, galerie d'art animalier, à Nançay (41); expo collective au 17e Festival international de l'art animalier en Sologne à Pierrefitte-sur-Sauldre (41) (14 au 29 août); expo personnelle au musée l'Iber (Fondation Libertas 7) à Valence, en Espagne (été).
2009-2010 : expo personnelle au Pont des arts, à Valence (Espagne) (du 4 novembre au 5 janvier).
1998 : expo collective au 43e Salon de Montrouge (92).
1997 : expo collective de la Fondation Fénéon, Chapelle de la Sorbonne à Paris.
1996 : expos collectives au Salon de Novembre à Vitry-sur-Seine (94); au 50e Salon de Mai à Paris; au 41e salon de Montrouge (92); à la Galerie Renaud Richebourg à Paris.
1995 : expo collective à la 4e Biennale de la peinture d'Issy-les-Moulineaux (92); expo collective au 49e Salon de Mai à Paris; expo personnelle au château de Coupiac (12).
1994 : expo collective au 11e Festival des Arts Plastiques et Graphiques de Mouscron, en Belgique.
1988 : premiers tableaux exposés, à Bondy (93), à l'occasion d'un salon d'art local.